La façon dont les États répondent au fémicide est au centre de l’attention internationale, particulièrement en Amérique latine où se trouvent la moitié des pays ayant un haut taux de fémicide (Laurent et al., 2013; Nowak, 2012). Par conséquent, la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes a recommandé la mise en place des unités spécialisées d’enquête et de poursuite pour lutter contre l’impunité apparente des acteurs de fémicide (Nations unies, 2011).
En réponse aux préoccupations persistantes, quelques pays ont adopté des lois concernant le fémicide ou ont reconnu le fémicide comme crime dans le droit (Laurent et al., 2013). Ces avancées sont positives car on reconnaît que ceux qui font appliquer la loi doivent reconnaître la gravité de la violence avant que la société ne puisse y répondre de façon efficace.
Au Canada, les réponses insuffisantes de l’État et les impacts historiques et actuels de la colonisation ont été identifiés comme des facteurs ayant contribué au risque accru de fémicide auquel les femmes et filles autochtones sont exposées (NWAC, 2010). En outre, certaines recherches canadiennes indiquent que les accusés qui ont tué leur partenaire intime semblent recevoir des peines plus courtes que ceux qui ont tué quelqu’un avec qui ils n’avaient pas de rapports intimes (ex. des connaissances ou des étrangers ; Dawson, 2016). On croit également que les réponses juridiques au fémicide peuvent varier selon l’endroit où la victime a été tuée, ce qu’on appelle « la géographie de la justice » ; par exemple, on constate des différences entre les milieux rurales et urbaines. Cependant, il y a eu peu d’efforts pour documenter et expliquer de manière systématique ces variations aux niveaux provincial/territorial ou national.
Ces tendances soulignent la nécessité de comprendre la façon dont les États répondent au fémicide, quelle que soit la région du monde. En outre, il faut comprendre comment les attitudes, les croyances et les stéréotypes actuels contribuent aux réponses des États face au fémicide et au meurtre de femmes et de filles de certains groupes. La principale difficulté qui fait obstacle à comprendre ces tendances est la pénurie de données fiables sur la façon dont les États y répondent sur le terrain.
En réponse à ces lacunes, l’Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation entreprendra des recherches de surveillance systématiques sur les réponses juridiques au fémicide au Canada.
Au cours des prochains mois, on présentera ici des recherches nationales et internationales sur la réponse juridique au fémicide. Les activités de recherche de l’OCFJR seront également présentées ici au fur et à mesure.
Références
Dawson, M (2016) Punishing femicide: Criminal justice responses to the killing of women over four decades. Current Sociology 64(7): 996-1016.
Laurent C, Platzer M and Idomir M (2013) Femicide: A Global Issue that Demands Action. Vienna: Academic Council on the United Nations (ACUNS) Vienna Liaison Office.
Native Women’s Association of Canada (NWAC) (2010) What Their Stories Tell Us: Research Findings from the Sisters in Spirit Initiative. Ottawa: NWAC.
Nowak M (2012) Femicide: A Global Problem. Small Arms Survey. Vienna: Academic Council on the United Nations System (ACUNS).
United Nations (2011) Report of the Special Rapporteur on Violence against Women, its Causes and Consequences, Rashida Manjoo. New York: United Nations