Femmes et Filles Assassinées et Disparues
Au Canada, les statistiques officielles à l’échelle nationale ont invariablement documenté ce qui est souligné dans l’étude ontarienne sur le fémicide intime décrite ci-dessus: les femmes autochtones sont beaucoup plus susceptibles d’être tuées par un partenaire masculin que les femmes non-autochtones au Canada. En fait, les femmes et les filles autochtones sont surreprésentées comme victimes du fémicide en général. Par exemple, environ 4 % de la population canadienne est autochtone et féminine, mais les femmes autochtones représentaient 24 % des victimes d’homicide en 2015. Cependant, malgré leur risque plus élevé de fémicide intime, certaines recherches démontrent que les femmes et les filles autochtones sont plus souvent tuées par des connaissances et des étrangers.
Ce fait a été mis en lumière par l’initiative communautaire Soeurs par l’esprit lancée en 2005 par l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) démontrant que précédant 2010, plus de 580 femmes et filles autochtones au Canada avaient été assassinées ou avaient disparu. Parmi les résultats, il a été constaté que les femmes et les filles autochtones étaient plus souvent tuées par des connaissances ou des étrangers que par des partenaires masculins, bien que les statistiques officielles indiquent qu’elles étaient huit fois plus susceptibles d’être tuées par des partenaires masculins que le sont les femmes non-autochtones.
Depuis que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a commencé à enquêter sur la question à la suite de la campagne Soeurs par l’esprit, l’estimation initiale du fémicide documentée par l’initiative communautaire a atteint près de 1 200. Après des revendications répétées en faveur d’une enquête sur le traitement des femmes et des filles autochtones, le gouvernement canadien a lancé l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées en 2016. Il a pour mandat de faire rapport sur les causes systématiques de toutes les formes de violence à l’égard des femmes autochtones.
L’initiative Soeurs par l’esprit a mis en lumière divers problèmes systémiques, y compris l’impunité d’un grand nombre des agresseurs, semblables à ce qui est documenté dans d’autres régions du monde. Leur étude a révélé que près de la moitié des cas impliquant des femmes et des filles autochtones ne sont toujours pas résolus et qu’aucune accusation n’ a été portée dans environ 40 % des cas. Ces chiffres continuent d’être contestés et débattus par d’autres, y compris la GRC, qui a signalé des taux d’enquêtes résolues beaucoup plus élevés, allant de 80 à 100 %. La proportion de ces plaintes ayant donné lieu à des accusations ou à des condamnations n’est pas encore connue.
Quoi qu’il en soit, il est maintenant reconnu, tout récemment dans le rapport intérimaire de l’enquête, que le risque élevé de violence dont sont victimes les femmes et les filles autochtones découle en grande partie du fait que la police et d’autres intervenants du système de justice pénale ne répondent pas adéquatement aux besoins de ces femmes et filles autochtones.
Le fémicide peut être utilisé pour décrire les meurtres de femmes et de filles autochtones. Compte tenu du rôle de la violence raciste et de l’impunité dont bénéficient certains responsables, le terme de « fémicide », devenu plus courant dans les pays d’Amérique latine, peut également être approprié puisqu’il vise à saisir l’impunité des agresseurs et les réponses inadéquates de l’État à ces crimes. Parce que le genre demeure un déterminant important de leur risque de violence mortelle dans certains contextes par rapport aux hommes autochtones, le fémicide a été utilisé pour décrire ces meurtres.
[Par example, http://ici.radio-canada.ca/emissions/plus_on_est_de_fous_plus_on_lit/20…